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Page:Filion - À deux, 1937.djvu/27

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— J’avais complètement oublié cette emplette.

Puis changeant de ton :

— Mademoiselle Lavoise, l’autre jour je vous ai fait subir un véritable interrogatoire, vous avez été soit trop indifférente, soit trop gênée pour me rendre le réciproque, aujourd’hui je me présente : Alexandre Daubourge. Mes parents demeurent quelque part dans le comté de Kamouraska, cela ne peut vous intéresser, probablement vous ne connaissez pas du tout cette partie du pays, en vraie montréalaise.

— Au contraire, maman demeure aussi dans cette partie de la province de Québec : à Sainte-Hélène de Kamouraska.

Mais pourquoi ne lui dit-elle pas qu’elle n’y était jamais allée, cette impulsion avait été irraisonnée. Lui dire cela. Puis il aurait demandé : « Pourquoi » et qu’aurait-elle pu répondre.

Elle regrettait déjà d’en avoir tant dit. S’il allait poursuivre son investigation dans sa vie privée ? Eut-il conscience de l’embarras subit de la jeune fille ? En tout cas il ne posa aucune question indiscrète.

— Et vous logez, Mademoiselle ?

— À l’« Ave Maria », répondit-elle très calme, cette fois.

C’était peu, c’était beaucoup, c’était assez. L’endroit où elle demeurait était parfait, elle était donc une honnête fille. Il se préparait à s’éloigner, elle lui fit doucement remarquer :