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Page:Filion - À deux, 1937.djvu/33

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l’autre soir. Pourquoi pas ? Cette tête trop belle ne devait pas contenir une forte quantité de tendresse, la coquetterie et l’orgueil devaient aussi y tenir une bien grande place.

Elle resta un long moment devant son miroir. Elle se servit pour la première fois de rouge, elle en mit un soupçon à ses joues, un rien de carmin à ses lèvres. Il devait venir la prendre à sa pension.

Son coup de sonnette la fit sursauter. La vieille dame, chez qui elle logeait, vint frapper à la porte de sa chambre :

— Mademoiselle Prévoust, vous êtes demandée au salon.

Son cœur battait à grands coups. Si Alexandre lui revenait pour tout de bon.

Elle se précipita en coup de vent dans l’escalier, et se présenta dans la porte du salon la main tendue :

— Comme je suis heureuse de te revoir, Alexandre. Comme tu t’es fait rare ces derniers temps ?

Il prit la petite main qui était glacée, la pressa sans chaleur.

Tout l’enthousiasme de la jeune fille tomba du même coup. Elle sentit par un réflexe inexplicable que son imagination l’avait trompée, qu’il ne lui revenait pas comme elle avait osé l’espérer. Elle comprit que son cœur était tout plein de l’autre, qu’il n’avait pas de regard pour constater, découvrir qu’elle s’était faite belle pour lui ; mais alors, pourquoi avait-il réclamé cette soirée ? Elle mit ses gants, en se demandant si elle ne devait pas prétex-