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des larmes coulaient pressées. À la vue de son enfant, elle s’était élancée, et l’entourant de ses bras :

— Je croyais que tu ne reviendrais pas. Je craignais que tu ne fusses partie avec lui, et que voulais-tu que je fisse, dans cette grande ville où je ne connais personne. Mais c’est bien toi, tu es revenue.

Elle caressait les mains de la jeune fille.

Pour mettre un terme à ces démonstrations qui la faisaient horriblement souffrir, Laure s’informa :

— Avez-vous déjeuné ? maman.

Elle se rappelait les mêmes paroles qu’Alexandre dans sa sollicitude lui avaient dites, et elle ressentit un peu de plaisir à ce souvenir.

— Non, petite, je n’ai pas bougé d’ici.

Laure jeta un regard circulaire autour de la chambre. Elle constata que le lit était fait, que tout était rangé avec ordre, la poussière avait été enlevée. Elle retira son chapeau et son manteau, aussitôt sa mère s’en empara pour les mettre en place :

— Oh, maman, ne vous croyez pas obligé de me servir.

— J’y suis habituée, dit la mère d’une voix calme.

N’eût-elle pas été si bouleversée, Laure eût soupçonné ces paroles d’être le prélude des confidences maternelles. Dans l’état de surexcitation où elle se trouvait, énervement causé par les événements extraordinaires qui se succédaient depuis quarante-huit heures, elle crut à un reproche détourné, visant son peu de reconnaissance. En somme, qu’a-