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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/200

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LA PLANÈTE MARS.

pour le pôle inférieur : il y avait au point marqué a dans les dessins du 10 et du 12 une petite traînée grise bien évidente le 14 novembre, à minuit ; elle n’existait certainement pas aux deux autres dates, où cependant les détails voisins étaient parfaitement visibles. »

À ces observations si intéressantes, Dawes ajoute en post-scriptum les remarques suivantes :

En recourant à mon registre et à mes dessins de l’année 1852, je vois que, cette année-là, j’ai souvent observé une traînée particulièrement blanche le long du rivage marqué a sur le dessin du 20 novembre 1864 comme attirant particulièrement l’attention par son éclatante blancheur. Il semble donc qu’il y aurait là quelque cause permanente ou du moins assez fréquente amenant cet éclat particulier. Cependant, comme cette région est voisine de l’équateur, il ne paraît pas vraisemblable d’attribuer cette blancheur à des nuages et encore moins à de la neige, à moins qu’il n’y ait là des plateaux très élevés au-dessus du niveau de la mer[1].

Ces magnifiques dessins de Dawes constituent, comme nous l’avons remarqué plus haut, un progrès considérable dans notre connaissance des détails de la topographie martienne : la baie fourchue du Méridien y est découverte dans sa forme normale, ainsi que le détroit Herschel II, les rivages de la mer du Sablier, et la plupart des configurations représentées sur notre carte (p. 69). À la baie du Méridien, qui donne naturellement l’idée de l’embouchure de deux fleuves, l’observateur a cherché ces fleuves sans parvenir à les découvrir : M. Schiaparelli les a découverts treize ans après, en 1877.

L’île blanche observée le 21 janvier se trouve sur notre carte, à l’intersection du 60e méridien et du cercle polaire austral. Elle n’est pas toujours visible, non plus que sa voisine.

Remarquons aussi ce qu’il dit de la coloration de Mars et de son atmosphère. La coloration rougeâtre de la planète est toujours plus marquée dans la région centrale du disque que vers les bords. Donc elle n’est pas produite par l’atmosphère, puisque c’est justement ver le centre du globe que la lumière réfléchie par la surface a la moindre épaisseur d’air à traverser. C’est ce qu’Arago avait déjà conclu (p. 133).

La visibilité presque constante des taches de Mars, la rareté des nuages, la faiblesse de la pesanteur à la surface du globe, conduisent à penser que l’atmosphère de Mars est très faible. Celle de la Terre est si dense que les détails de la surface terrestre doivent être bien moins visibles de loin que ceux de Mars. D’après les recherches de Langley, 40 pour 100 des rayons solaires qui arrivent verticalement sur notre atmosphère sont absorbés par

  1. Royal astronomical Society, Monthly Notices, t. XXV, et Memoirs, t. XXXIV.