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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/216

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LA PLANÈTE MARS.

struire une carte[1] d’après les dessins de Dawes dont nous avons présenté plus haut (p. 186-187) les principaux.

Nous avons vu (p. 107) le premier essai de cartographie de la planète Mars dû aux travaux de Beer et de Mädler, d’après leurs observations de 1830 à 1837, en Allemagne, et plus tard (p. 181), le planisphère construit par Kaiser d’après ses observations faites en Hollande en 1862 et 1864, ainsi que celui de Phillips, d’Oxford, d’après ses observations faites en Angleterre la même année (p. 190). À ces trois essais, nous pourrions ajouter celui du P. Secchi, d’après ses observations faites à Rome en 1858, et celui que nous avons tracé, pour l’hémisphère le mieux connu de Mars, dans la deuxième édition de notre ouvrage sur la Pluralité des Mondes habités (1864).

Les dessins de l’astronome anglais Dawes ayant apporté une précision nouvelle dans la connaissance du monde de Mars, Proctor, son compatriote, voulut les appliquer à une cartographie aussi complète que possible, et construisit, d’après eux exclusivement, la carte que nous reproduisons ici (fig. 127), et qui est la première carte publiée avec un système de nomenclature déterminé.

Une nomenclature, des dénominations fixes, s’imposaient d’ailleurs. Tant que, sur la représentation d’une planète par le dessin, il n’y a qu’un très petit nombre d’objets, quelques lettres suffisent pour les désigner. On peut dire la tache a, la tache b, la tache c, etc. Mais, lorsque les détails se multiplient, de telles désignations deviennent insuffisantes et impropres aux comparaisons. Des noms se fixent incomparablement mieux dans l’esprit.

C’est d’ailleurs ce qui arrive également en Géographie. L’indication d’une contrée par une lettre, par un chiffre, par sa position précise même, est tellement insuffisante pour l’esprit, que, dès sa découverte, l’île la plus médiocre se voit baptisée d’un nom déterminé qui la distingue de toutes ses sœurs. Les noms sont indispensables en tout, même, et peut-être surtout, dans la grande famille humaine. On ne s’imagine pas facilement les hommes existant sans noms !

Malheureusement, il y a toujours une grande part laissée à l’arbitraire dans la conception des nomenclatures géographiques, comme pour les autres d’ailleurs. Il a paru tout naturel, dans le cas de la planète Mars, de suivre le système qui a prévalu dans la nomenclature lunaire. La Lune a été le premier globe céleste dont on ait pu tracer des cartes géographiques ; Mars est le second, car ce que l’on a essayé, dès le XVIIe siècle, pour Vénus, est extrê-

  1. Chart of Mars, from 27 drawings by Mr Dawes. — Half-hours with the telescope, London, 1869, pl. VI. — Other Worlds than Ours, London, 1870, p. 92. — The orbs around us, London, 1872, frontispice. — Essays on Astronomy, London, 1872, p. 61. — Flowers of the Sky, p. 167.