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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/535

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L’ATMOSPHÈRE DE MARS.

Nous devons donc penser, d’après les observations comme d’après le calcul, que l’atmosphère de Mars est moins dense que la nôtre, qu’il s’y forme moins de nuages, que les courants y ont moins d’intensité, que le vent n’y est jamais très fort, que les tempêtes en sont absentes. Les conditions de densité et de pression sont très différentes de ce qu’elles sont ici. Le point 0°, auquel l’eau se solidifie, n’est pas le même qu’ici. L’atmosphère ne doit pas être chimiquement ni physiquement la même. La température moyenne peut y être plus élevée que sur la Terre. Les effets observés correspondent à un degré de chaleur ambiante plus élevé relativement aux conditions réunies.

Si l’on représente par 1000 la distance de la Terre au Soleil, celle de Mars sera représentée par 1524. La lumière et la chaleur solaires reçues sont en raison inverse des carrés de ces nombres. Mars ne reçoit donc que les 430/1000, c’est-à-dire moins de la moitié, de la chaleur solaire reçue par la Terre. En raison de la grande ellipticité de l’orbite, cette proportion est un peu plus forte au périhélie, un peu moins à l’aphélie, dans le rapport de 5 (aphélie) à 6 (moyenne) et à 7 (périhélie).

Il faut donc que l’atmosphère de Mars agisse autrement que la nôtre, puisque les effets météorologiques produits par la température sont analogues à ceux qui s’observent sur notre globe et correspondraient même plutôt à un état de température plus élevé.

La vapeur d’eau seule suffirait pour amener ce résultat. On sait qu’une molécule de vapeur d’eau est 16 000 fois plus efficace qu’une molécule d’air sec pour conserver la chaleur solaire reçue. Que la proportion de cette vapeur dans l’atmosphère martienne soit plus élevée qu’ici, et le résultat est obtenu.

Mais l’eau n’est pas le seul corps qui jouisse de cette propriété. Les vapeurs des éthers sulfurique, formique, acétique, de l’amylène, de l’iodure d’éthyle, du chloroforme, du bisulfure de carbone, sont dans le même cas. Quelque substance de propriétés analogues dans l’atmosphère de Mars suffirait pour expliquer cette climatologie remarquable.

En résumé, les choses se passent sur Mars comme si la température moyenne y était à peu près la même qu’ici, soit que réellement la thermo-

    c’est-à-dire qu’il fait plus chaud là que ne l’indiquerait la distance au Soleil. On peut expliquer ce fait en admettant que l’atmosphère martienne est plus dense que la nôtre. Mais peut-être n’est-ce pas de la neige. Des cristaux blancs d’acide carbonique s’évaporent à une température fort inférieure au plus grand froid que nous observions sur la Terre. »

    Nous pensons toutefois qu’il est plus simple d’admettre que la densité de l’atmosphère martienne correspond à celle de la planète, et est, par conséquent, beaucoup plus faible que la nôtre, mais qu’il y a là beaucoup de vapeur d’eau et peut-être d’autres vapeurs contribuant aussi à emmagasiner la chaleur solaire.