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lique sous Louis-Philippe[1]. Et il ne nous donne rien à ce sujet. Il y avait là cependant un mouvement intéressant par sa générosité et sa nouveauté, et par la valeur de ses chefs.

Il n’y a presque rien sur le socialisme. Il y a un socialiste, Sénécal ; Flaubert nous expose assez longuement ses origines, son caractère, ses lectures, ses aspirations, mais rien ne nous fait connaître ses idées précises. Après avoir lu l’Éducation sentimentale on ignore les doctrines des diverses écoles socialistes sous la Monarchie de Juillet.

Rien non plus sur le napoléonisme, qui fut cependant très en vogue de 1830 à 1848 et prépara le second Empire.

Avec Hussonnet, Flaubert pouvait nous faire pénétrer dans le monde de la presse. L’histoire d’une très vague feuille (le Flambard) est insuffisante pour nous faire connaître le journalisme du temps. Et cependant il y avait beaucoup à dire. C’est à cette époque, sous Louis-Philippe, que la presse a pris des allures commerciales.

V

Flaubert disait une fois, en 1871, en montrant les ruines des Tuileries : « Si l’on avait compris l’Éducation sentimentale, rien de tout cela ne serait arrivé »[2]. Ces paroles sont bien obscures. Il est difficile de trouver quel sens Flaubert pouvait exactement leur donner. Par contre il n’est pas exagéré de dire que l’Éducation nous fournit, en quelque sorte, la clef de ces événements ; elle nous fait mieux comprendre la politique extérieure du second Empire.

Il y avait une fermentation extraordinaire dans toute l’Europe à la fin du règne de Louis-Philippe ; c’était la conséquence directe des agitations nationales provoquées par les guerres de Napoléon Ier. Des insurrections éclatent dans toute l’Italie. En Allemagne, le roi de Prusse devient constitutionnel. Ces mouvements rencontrent d’autant plus de sympathie dans l’opinion française, qu’ils sont dirigés contre l’Autriche, l’Autriche abhorrée, symbole vivant des traités de Vienne, de la Sainte-Alliance, de l’ancien régime féodal ! Lorsque Frédéric Moreau et ses amis s’entretiennent de leurs espérances politiques, l’horizon pour eux n’est pas limité à la France : « Du reste le moment approchait… le Piémont, Naples, la Toscane… »[3].

Il faut bien reconnaître que la diplomatie de Louis-Philippe fut

  1. Correspondance, 3e série.
  2. Maxime Du Camp. Souvenirs littéraires, t. II, p. 342.
  3. L’Éducation sentimentale, p. 377.