Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/13

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qui a fait l’œuf, ou l’œuf qui a fait la poule ? Sont-ce les livres de Balzac qui m’ont fait songer dans les rues de Blois à ce qui s’y passe ou bien est-ce ce qui s’y passe qui a causé des livres ? Qui de Dieu ou de l’homme a arrangé les choses comme nous les voyons ?

Allant à l’aventure dans une de ces rues désertes au fond de laquelle, par un hasard ironique se dressait, peint en rouge, l’écriteau d’une marchande de modes, nous tombâmes en une étroite allée, menant à une espèce de cul-de-sac qui contient l’abside de l’église Saint-Nicolas. C’est un coin lugubre et de haut goût, comme empli de bitume ; tout est noir, la pierre du sol, la couleur de l’air elle-même ; ça a un aspect austère et dur de robe de prêtre, c’est beau de nudité, de crudité et de brutalité. Sur la place, devant le portail, en plein soleil, des maçons taillaient des pierres, de grandes ravenelles accrochées aux angles des chapiteaux romans tranchaient par la joyeuseté de leurs tons jaunes avec la couleur sombre du vieil édifice ; mobiles et folâtres dans l’air, elles étaient là rien que pour montrer comme elles étaient jolies.

Château de Blois. — Du côté du nord, le château de Blois, dressé sur des murs formidables, présente une galerie à double arcade d’un charmant effet ; là était la chambre d’Henri III. À côté se trouve son oratoire, coïncidence qui n’a rien