Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/222

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ment heurté de plans inégaux que les ronces et les lierres verdissent de leur verdure inégale.

Dans les chapelles latérales, par le trou des fenêtres, on voit au loin la mer à l’horizon d’une prairie que bossellent en dômes verts les têtes rondes des pommiers et qui s’encadre comme un tableau dans le plein cintre rongé des fenêtres romanes.

Une statue d’abbé est appuyée contre le mur : un gros anneau au médius de la main droite, un menton long, des pommettes saillantes, des yeux sortis, des cheveux légèrement crépelés, et une chape bordée de longues franges, et un écusson qui est d’hermine à trois fasces au chef chargé d’un lambel à trois pièces timbré de la crosse abbatiale. Est-ce là, pourquoi non ? pourquoi oui ? saint Guenolé, premier abbé du monastère, mort en 448, le même qui conseilla au roi Grallon de quitter la ville d’Ys avant l’engloutissement du Seigneur, et qui, lorsque sur la grève le roi fuyait au galop avec la belle Dragut, sa fille, lui cria dans un nuage, comme les flots déjà battaient les jarrets de son cheval, de se débarrasser du démon qu’il emportait en croupe ? Grallon la précipita dans les flots, les flots l’engloutirent, s’arrêtèrent, et Grallon continua sa course. Pour contempler cette figure plus à notre aise, nous nous étions assis sur une autre statue couchée par terre.

Celle-là représente un évêque, il a la crosse, la chape bordée de roses et d’olives, la bague au