Page:Flaubert - Théâtre éd. Conard.djvu/236

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attitudes, ce rayonnement dans le regard ! Serait-ce ?… Pourquoi pas ?… Jeannette ?

Jeannette.

Monsieur ?

Paul.

Tu dois être lasse de ta condition ? N’arrive-t-il jamais dans ton esprit des pensées qui te surprennent ? Ne sens-tu pas au fond de toi-même comme une sollicitation vers des destinées plus hautes ? une envie de t’enfuir… quelque part… bien loin ?

Jeannette.

M’enfuir !… Et où ça ?… Je ne connais pas les routes.

Paul, avec un geste de dépit. À part.

Eh ! c’est mon langage qu’elle n’entend pas !

Haut.

Dis-moi, quand tu es toute seule, dans les champs, à quoi penses-tu ?

Jeannette.

Dame ! à rien.

Paul.

Cherche un peu.

Jeannette.

Ah ! si… Je pense aux vaches !… à la noire, surtout, qui me suit comme un caniche. Et puis je regarde si les avoines poussent, et combien il y aura de boisseaux de pommes aux arbres.

Paul.

Mais… la nuit… dans tes rêves ?