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Page:Flavius Josephe - Leon Blum - Contre Apion, Leroux, Paris, 1902.djvu/95

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même, et l’accable sous le poids de sa sottise et de ses mensonges ? En effet, il décrit des lieux qui n’existent pas et, sans le savoir, change les villes de place. 116 L’Idumée est limitrophe de notre pays, voisine de Gaza, et elle n’a aucune ville du nom de Dora. Mais en Phénicie, près du mont Carmel, il y a une ville appelée Dora, qui n’a rien de commun avec les niaiseries d’Apion ; car elle est à quatre journées de marche de l’Idumée. 117 Et pourquoi nous accuse-t-il encore de n’avoir point les mêmes dieux que les autres, si nos pères se sont laissé persuader si facilement qu’Apollon viendrait chez eux et s’ils ont cru le voir se promener avec les astres sur la terre ? 118 Sans doute ils n’avaient jamais vu une lampe auparavant, ces hommes qui allument tant et de si belles lampes dans leurs fêtes ! Et personne, parmi tant de milliers d’habitants, n’est allé à sa rencontre quand il s’avançait à travers le pays ; il a trouvé aussi les murailles vides de sentinelles, en pleine guerre ! 119 Je passe le reste ; mais les portes du temple étaient hautes de soixante coudées, larges de vingt [58], toutes dorées et presque d’or massif ; elles étaient fermées tous les jours par deux cents hommes [59] au moins, et il était défendu de les laisser ouvertes. 120 Il a donc été facile à ce porteur de lampes, je pense, de les ouvrir à lui tout seul, et de partir avec la tête du baudet ? Mais est-elle rentrée toute seule chez nous ou celui qui l’a prise l’a-t-il rapportée dans le temple afin qu’Antiochos la trouvât pour fournir à Apion une seconde fable ?


X

Mensonge du serment de haine contre les Grecs.


121  [60]Il forge aussi un serment par lequel, prétend-il, en invoquant le dieu qui a fait le ciel, la terre et la mer [61], nous jurons de ne montrer de bienveillance envers aucun étranger, mais surtout envers les Grecs. 122 Une fois qu’il se mettait à mentir il aurait dû dire au moins : envers aucun étranger, mais surtout envers les Égyptiens. De cette façon sa fable du serment aurait concordé avec ses mensonges du début, Si vraiment nos ancêtres ont été chassés par les Égyptiens, qui leur étaient apparentés, non pour aucun crime mais à cause de leurs malheurs. 123 Quant aux Grecs, nous en sommes trop éloignés par les lieux comme par les coutumes pour qu’il puisse exister entre eux et nous aucune haine ou aucune jalousie. Loin de là, il est arrivé que beaucoup d’entre eux ont adopté nos lois ; quelques-uns y ont persévéré, d’autres n’ont pas eu l’endurance nécessaire et s’en sont détachés. 124 Mais de ceux-là, nul n’a jamais raconté qu’il eût entendu prononcer chez nous le serment en question ; seul Apion, semble-t-il, l’a entendu, et pour la bonne raison qu’il en était l’inventeur.


XI

Prétendue preuve de l’injustice des lois juives, tirée des malheurs des Juifs.


125 Il faut encore grandement admirer la vive intelligence d’Apion