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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/139

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rien. L’autre jour, elle portait un pli chez son Éminence le Cardinal de Bernis, aujourd’hui elle rentre de chez M. Peixotte. Mais excusez-moi, Chevalier, je vous l’ai déjà dit, puisque la raison que nous sommes ici est celle de son attente.

— Elle est fort gentille, dit le Chevalier qui venait de se laisser discrètement déchirer un de ses poignets de point d’Alençon. J’étais curieux de la voir, et je me félicite d’avoir eu la main si heureuse en votre faveur, ma chère Duchesse…

Raton, à genoux devant le Chevalier, réparait la dentelle qui n’était pas médiocrement endommagée.

— Cela va prendre quelque temps, mon cher Chevalier, dit Mme la Duchesse, et j’en ai déjà trop perdu, bien que notre entretien ne dure que depuis quelques minutes. Je devais me rendre au chevet d’une amie malade, dans mon propre quartier, quand vous êtes venu me surprendre. Souffrez donc que j’y passe moins d’une heure. C’est peut-être moi qui vous surprendrais si je n’étais sûre de la vertu de Raton… Je vous préviens, Chevalier, qu’elle voudrait entrer en religion et qu’elle m’accompagne au Carmel tous les matins. Vous n’avez donc aucune chance de la séduire, brillant officier de Sa Majesté… À bientôt !

Mme la Duchesse disparut, après avoir donné sa