Aller au contenu

Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

X


L a Gourdan, enfoncée dans une bergère, contemplait les ébats de son sérail. À demi couvertes de tricots de soie couleur chair, enveloppées de gazes transparentes, de belles personnes dansaient au son de la harpe et du clavecin. D’autres chantaient avec autant de science que de sentiment ; d’autres encore, couchées aux pieds de leur maîtresse, achevaient un repos auquel n’avait pas suffi la moitié de la journée. Toutes n’étaient que légèreté, grâce, abandon. Dans ce salon de glaces qui les multipliaient à l’infini, l’on eût cru voir la république des Sylphes, comme à travers le globe cristallin d’un nécroman. La « Petite Comtesse », que l’on devinait d’une taille élancée bien qu’elle fût assise, paraissait être la reine de ces êtres légers et vaporeux, ou quelque aimable fée qui les faisait tomber sous le sens par le prestige de sa baguette. Ces