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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/19

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I


A u milieu de la cour de poste de la rue Saint-Denis, vis-à-vis le couvent des Filles-Dieu, où s’arrêtait le coche de Caen, vingt personnes des deux sexes s’embrassaient, ravies du plaisir de se retrouver parmi la paille et le crottin. Deux capucins se saluaient gravement, les mains croisées sous leurs manches, et l’on eût dit qu’ils allaient donner front contre front. Accroupi sur sa balle, un colporteur bâillait en s’étirant. Enfin, assise comme lui, mais à l’écart, sur un petit coffre peint de fleurs et d’oiseaux aux brillantes couleurs, une jeune fille pleurait avec grâce et discrétion. Une lettre d’une main, un mouchoir de l’autre, tantôt elle regardait la lettre et tantôt elle se tamponnait les yeux. Entre ces soins alternés, elle demeurait sans geste, visiblement moins bouleversée d’inquiétude que soumise à l’embarras. Ses