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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/197

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l’extrême, l’abbesse fait visiter sa subordonnée par un chirurgien. Elle remet la nécessité de cette visite sur l’honneur de l’Ordre, de la maison, de celui de Rose même, injustement accusée. L’homme de l’art déclare non seulement qu’elle n’est pas atteinte d’une infection qu’elle ne peut propager, mais encore qu’elle possède tous les caractères d’une sagesse indubitable.

Entre temps, le sieur Peixotte avait déclamé contre les Sœurs, les traitant de gourgandines et d’empoisonneuses. La Supérieure, à qui ces bruits odieux reviennent aux oreilles, se fâche en connaissance de cause, se rend chez le financier, réunit la famille et demande une réparation éclatante, après avoir fait valoir ses enquêtes, sans oublier la plus intime. Tous exhortent Peixotte aux excuses, à la reconnaissance de son erreur : l’épouse contaminée, la mère, la sœur, la belle-sœur, et les petits enfants qu’on lui présente à bras tendus. Il demeure inflexible. Il redouble d’injures. Il traite la Supérieure de vieille sorcière, de maquerelle édentée, de Célestine, de pourvoyeuse d’hôpital. Il entre dans une telle fureur que la marmaille se cache dans les jupes en poussant des cris porcins. Alors, la sainte femme se retire et rend une plainte en diffamation contre le forcené.

Le sieur Peixotte produit ses témoins devant la Cour, non pas ceux que dans sa fureur il exhibait à