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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/205

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Rédemption, fût un larron converti, et la plus chère des compagnes de Notre-Seigneur une prostituée ? Soyez bénies mes sœurs ! N’ayez point de honte si celui qui tire son plaisir de vos corps, si son épouse adultère, si sa fille arrogante et secrètement débauchée vous jettent injurieusement l’appellation de votre état : il fut celui des joueuses de flûte de Corinthe, aussi galantes et sollicitées que Fanchon-la-Vielleuse, mais dont les prières, entre toutes agréables à la Divinité, eurent plus de force et d’efficace que les boucliers de leurs concitoyens contre les archers perses. Que dis-je ! il fut, cet état, celui de Marie-Magdeleine, de Marie l’Égyptienne, de sainte Afre, brûlée vive à Augsbourg, de Théodote, lapidée dans la Thrace, sous Licinius Licinianus, de sainte Pélagie, qui fit pénitence en habit de moine, de sainte Marguerite de Cortone, qui marchait la corde au cou, de Claire de Rimini, qui portait des anneaux de fer à toutes les jointures de son corps ondoyant, d’Angèle de Foligno, du Tiers-Ordre de Saint-François, et de tant d’autres encore, sans compter la légion des Filles-Dieu et des Repenties. Pour chacune a résonné le concert séraphique au seuil de la Jérusalem céleste : Exhaussez-vous, portes grandes et élevées ! Ouvrez-vous, portes éternelles ! Et elevamini, portae aeternales !…

« Allais-je oublier Thaïs, qui se retira au fond des