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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/216

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ouvertes. En dessous, ce verset du Cantique des Cantiques : Je me suis reposée à l’ombre de Celui que j’avais tant désiré, Sub umbra illius quem desideraveram sedi. De pieuses parodies d’opéras, dues à la plume de Mme Guyon, et que l’on n’ose croire amendées par l’auteur de Télémaque, enrichissaient ce recueil moins touchant que ridicule.

Ces livres, dissimulés sous le matelas du sopha, passaient de main en main jusque dans celle de Raton. On la chargeait alors d’en donner lecture ou de chanter les premiers versets des hymnes, de telle sorte que les vingt Nymphes se firent une idée de l’agrément des offices que Raton s’appliquait à leur décrire, sinon de leur splendeur indicible, et une juste image des vertus par leurs modèles comme nous y engage M. de Sacy d’après saint Grégoire. Abel leur enseignait l’innocence, Noë la persévérance, Abraham l’obéissance, Joseph la constance, Enoch la pureté du cœur, Joseph l’oubli des injures, Moïse la mansuétude, Job une soumission inaltérable.

Cependant, le grand âge des patriarches qui reprenaient femme à cent ans ne laissait pas de les étonner. Quelques-unes en conçurent que ces épouses dignes de pitié accomplissaient une pénitence pour d’insignes manquements à la règle commune. La Mère, qui assistait à ces lectures, occupée à quelque ouvrage de dame,