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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/249

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cette solitude indispensable. « Il me donna à entendre, écrit-elle, qu’à la façon des amants les plus passionnés, il me ferait goûter ce qu’il y avait de doux dans la suavité des caresses de son amour. En effet, elles furent si excessives qu’elles me mettaient souvent toute hors de moi-même et me rendaient incapable de pouvoir agir. Cela me jetait dans un si profond abîme de confusion que je n’osais paraître. » « Mon cœur et ma chair ont tressailli dans le Dieu vivant », dit le Psalmiste, et le Docteur angélique enseigne que la contemplation se termine dans un transport affectif : Contemplatio ad affectum terminatur. Mais ne croyez pas, Monsieur, que la solitude suffise pour amener cette union mystique de l’âme avec Dieu, cet état théandrique, que l’on peut dire hypostatique, bien que ce soit l’erreur d’Origène, condamnée par le cinquième concile œcuménique. Il faut nécessairement que cette âme ait été mangée et digérée, qu’elle ait perdu ce qu’elle avait en propre, ce que nous appelons Mystique Purgative, pour s’unir avec Dieu et devenir Dieu, ce qui est dit Mystique Unitive. Entre deux, elle passe par la voie illuminative…

— Je ne comprends pas très bien, l’Abbé, ce que tu entends par cette digestion quelque peu dégoûtante ?

— C’est une figure, reprit l’abbé, pour représenter le dégagement de la servitude des sens et des illusions de