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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/308

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bienfaitrice fut induite en erreur. Au besoin, peut-être pourrait-elle, puisqu’elle vous porte intérêt, ajouter l’autre moitié…

La Prieure fit le mouvement de se lever. Dans l’instant, Raton se vit contrainte de se livrer aux fantaisies des connaissances de M. le Duc et de subir les outrages de M. Poitou qui ne manquerait pas de la dépouiller. Elle vit s’effondrer le beau rêve auquel elle avait sacrifié sa gloire, et elle s’effondra avec lui aux pieds de la Prieure, qui lui sembla moins humaine que l’inflexible hôtesse de la rue des Deux-Portes.

— Madame ! Ah, Madame ! sanglota Raton en lui embrassant les genoux, je ne saurais trouver d’autre argent !… Prenez-moi, le temps qu’il faudra, pour votre servante ; je gagnerai ainsi ce que vous exigez.

— C’est contraire à la Règle, dit froidement la Prieure.

— Eh bien, dit Mme la Duchesse qui craignit d’être décriée si l’on rapportait qu’elle fût demeurée insensible, je complète la dot de Raton, et, puisque sa première bienfaitrice désire demeurer inconnue, je m’offre d’être sa marraine. Aussi bien, c’est moi qui l’ai trompée en lui parlant de cinq mille livres.

— Voilà, dit la Prieure, qui change beaucoup de choses…