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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/312

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Et elle mit son argent en tas sur la table.

— Il reste vôtre, ma chère enfant, dit la Prieure, jusqu’au jour où vous ferez profession. Alors, il appartiendra à la Communauté. Elle en disposera selon ses besoins. Il vous reviendrait si vous dussiez renoncer à vos vœux. Et maintenant, ajouta-t-elle en la prenant par la main, allons dans ma cellule, ou plutôt notre cellule, car personne ici ne possède rien en propre, et l’on doit même se garder de dire ma chemise ou mon mouchoir. Là nous parlerons plus sérieusement et plus à notre aise, en attendant de vous présenter, selon l’usage, à nos très-chères Sœurs, dans la salle de Récréation.

— Madame, commença Raton…

— Dorénavant, appelez-moi Chère Mère, interrompit la Prieure. Mère Marie-Thérèse de Saint-Augustin…

— Chère Mère, reprit Raton qui, malgré elle, se souvint de la rue Saint-Sauveur, sauf votre commandement, je désire visiter quelqu’un qui doit renseigner ma première bienfaitrice sur le bon résultat de ma journée. Après, je serai quitte de tout soin dans le monde. Cette personne demeure aux environs ; je n’ai qu’un mot à lui dire.

— Faites, mon enfant, répliqua la Prieure en lui caressant la joue. Mais reprenez quelque monnaie en cas de nécessité.