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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/316

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Vous ferez encore de même pour l’informer du bienheureux jour de ma retraite définitive, que vous apprendrez certainement. D’ailleurs, je pense que vous pourrez me demander et me voir quand il sera temps. Je suis, cher Monsieur l’Abbé, votre très-humble et très-affectionnée servante.

Raton ».

— Comment diable peut-on dicter ainsi sans se reprendre et ne pas savoir écrire ? fit l’écrivain en se barbouillant le nez d’une énorme prise qu’il tira de sa poche de gilet et après avoir séché son encre d’une belle poudre d’or. Et moi qui comptais rédiger une lettre d’amour ! Mais, à coup sûr, il doit y en avoir là-dessous… Cela fait onze sols, comme pour les autres, Mademoiselle Raton, et, comme pour les autres, je confierai votre lettre à la Petite-Poste, si vous n’en avez cure. À votre service, ma belle !… Et vous, jeune coq, c’est aussi pour votre confesseur ?

Raton s’était retirée prestement sans ramasser sa monnaie. La nuit était tombée, et elle s’aperçut bientôt qu’elle ne reconnaissait plus son chemin. Elle se vit dans un empêchement extrême.

— Mamselle Raton !… cria derrière elle une voix étranglée.