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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/338

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pas d’éloges sur le satin brodé dont l’on ferait des ornements d’autel, et elle faillit à plusieurs reprises, par ses exclamations, avaler les épingles qu’elle réunissait dans sa bouche édentée.

M. le Duc, ironique et pustuleux, Mme la Duchesse, exanthémateuse, l’attendaient au parloir, ainsi que le Chevalier de Balleroy, impertinent, et aussi disgracié que ses amis. Mme la Duchesse, qui avait offert la toilette, serra sa filleule contre son cœur en répandant des larmes abondantes. Elle l’assit à côté d’elle, ne cessant de l’embrasser, de lui caresser les mains et de lui nommer les personnes de ses relations aux noms retentissants qui lui feraient l’amitié d’assister à sa vêture. Puis elle prit à témoins M. le Duc et M. le Chevalier de la beauté de Raton dans ce costume qui lui seyait à ravir. Ces messieurs, debout dans un angle, s’arrêtaient de parler à voix basse pour en convenir ; glissant un œil sur Raton, ils semblaient étouffer une petite toux de leur main. Mais Raton devina que ces libertins dissimulaient une forte envie de rire. Mme la Duchesse ne soufflait mot de la bonne nourrice. Elle l’avait complètement oubliée. Raton, malgré son détachement des affections mondaines, s’inquiétait en elle-même et de la longue discrétion de l’abbé Lapin, et de l’absence de sa mère adoptive.