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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/356

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deux religieuses exemplaires qu’il eut la Grâce de diriger au couvent de San-Giacomo, en l’île de Muran ? À quel sentiment avez-vous obéi lorsque vous lui marquâtes un mouvement de retrait accompagné d’un geste de répulsion qui pouvaient laisser croire que vous repoussiez la paix du Seigneur ? Déjà, ne vous étiez-vous pas jetée, au mépris de l’assistance et du Saint-Lieu, dans les bras de votre nourrice, dans ceux de l’abbé à petit collet et de si mauvaise mine qui obtint de l’Archevêché la faveur de jouer ici de la guitare — ô Ciel ! — non content d’appuyer cette demande étrange par des crédits si puissants que nous dérober eût été manquer à des ordres ? Cet homme bizarre était entouré d’un nombre considérable de créatures, que je crains de qualifier par charité chrétienne, et qui semblaient avoir été de vos amies… Parmi elles, ne s’est-t-il pas trouvé une négresse, oui, une négresse insensée, et peut-être démoniaque, qui a fait entendre dans sa langue qu’elle souhaitait prendre le voile ici même, et une boiteuse qui la voulait imiter ? Oh ! rien de Sœur Louise de la Miséricorde !…

« Mais là où votre abbé me paraît véritablement diabolique — je parle d’après le rapport qui m’en fut fait, — c’est lorsqu’il se prit de querelle avec un laquais de M. le Duc, que l’on m’a dit se nommer Poitou, et qu’il frappa ce dernier de sa guitare, si fort et si juste que la