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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/90

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n’attends plus que le jour de me fiancer ici-bas à mon Bien-Aimé, afin de me préparer par les privations et la prière au jour plus resplendissant qu’il Lui plaira de m’accueillir au Ciel parmi ses épouses, et de m’unir à Lui pour la bienheureuse Éternité. »

Raton se signa en versant des larmes de ferveur. Quand elle se releva, Poitou était devant elle. Il se dandinait, les mains dans ses goussets et souriait du coin d’une lèvre mauvaise. Elle eut un mouvement de recul qui la repoussa contre le lit.

— Que me voulez-vous, Monsieur Poitou ? dit-elle, tremblante et les yeux baissés.

— Mademoiselle Raton, je n’ai ni le rang ni l’honneur d’être des amis de M. le Duc, encore que j’aie combattu à ses côtés. J’ai cependant besoin d’indulgences, Jarni ! Je viens donc vous demander, Mademoiselle Raton, de m’aider à gagner le Ciel. Vous avez trop de sainteté pour vous y refuser… Écoute-moi, continua Poitou, en avançant jusqu’à toucher Raton plus morte que vive, tu es une garce ! Tu nous as tous joués, Jarni ! et mon maître est encore le moins bête. C’est qu’il est le maître. Mais tu vas être à moi, ou je révélerai à ta maîtresse ce que je viens de voir et d’entendre. Alors, tu pourras aller ailleurs gagner l’argent de ton amant. Tu sais bien où je veux dire… Oui ou non ?… reprit Poitou