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Page:Fleuret - Histoire de la bienheureuse Raton, fille de joie, 1931.djvu/95

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Raton se dégagea de l’étreinte et se mit sur pied.

— Monsieur Poitou, dit-elle, je ne saurais vous comprendre. Ce que je sais, c’est que vous abusez de ma faiblesse. Retirez-vous, maintenant que vous êtes satisfait. Mais, si vous parliez à ma maîtresse comme vous m’en menaciez tout à l’heure, je parlerais à M. le Duc.

— On verra bien, dit Poitou. Cependant, nous n’avons pas fini la causette. Je la reprendrai un jour prochain, quand la salive me sera revenue, et le reste… À bientôt, et réfléchis à ce que je te propose, ajouta Poitou en saisissant Raton par le poignet et en la jetant à terre d’une saccade. Ah, Jarni ! faut pas qu’on m’rebute !

Poitou disparut en deux enjambées par le boudoir de Mme la Duchesse. Raton alla s’assurer qu’il fût bien parti. Mais, en passant devant le portrait de M. le Duc qui l’avait si fort effrayée le premier soir, elle se sentit baignée de lumière, et cette lumière la pénétrait d’un trouble étrange et bienfaisant. Ses yeux se fermèrent, elle chancela, elle tomba sur les genoux sans rudesse, et quand elle put élever ses regards, elle aperçut son Divin Maître qui s’était substitué à son maître temporel.

— Pardonnez-leur, Seigneur ! dit Raton, inspirée et les bras en croix. Que devrai-je encore subir ? À quel prix achèterai-je et conserverai-je votre amour ? Mais, plus la fosse où je descendrai sera profonde, plus Votre