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livre ii.

Lisait et méditait sans cesse ;
Le cadet, vif, léger, mais plein de gentillesse,
Sautait, riait toujours, ne se plaisait qu’aux jeux.
Un soir, selon l’usage, à côté de leur père,
Assis près d’une table où s’appuyait la mère,
L’aîné lisait Rollin : le cadet peu soigneux
D’apprendre les hauts faits des Romains ou des Parthes,
Employait tout son art, toutes ses facultés
À joindre, à soutenir par les quatre côtés
Un fragile château de cartes.
Il n’en respirait pas d’attention, de peur.
Tout à coup voici le lecteur
Qui s’interrompt : Papa, dit-il, daigne m’instruire
Pourquoi certains guerriers sont nommés conquérants,
Et d’autres fondateurs d’empire :
Ces deux noms sont-ils différents ?
Le père méditait une réponse sage,
Lorsque son fils cadet, transporté de plaisir,
Après tant de travail, d’avoir pu parvenir
À placer son second étage,
S’écrie : Il est fini ! Son frère murmurant
Se fâche, et d’un seul coup détruit son long ouvrage ;
Et voilà le cadet pleurant.
Mon fils, répond alors le père,
Le fondateur c’est votre frère,
Et vous êtes le conquérant.