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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/121

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M. DE FONTANES

les vraies notions du juste et de l’injuste étaient déposées dans ces ouvrages immortels dont elle interprétait les maximes. Quand le caractère et les sentiments français pouvaient s’altérer de plus en plus par un mélange étranger, elle faisait lire les auteurs qui les rappellent avec le plus de grâce et d’énergie. L’auteur du Télémaque et Massillon prêchaient éloquemment ce qu’elle était obligée de taire devant le génie des conquêtes, impatient de tout perdre et de se perdre lui-même dans l’excès de sa propre ambition. En rétablissant ainsi l’antiquité des doctrines littéraires, elle a fait assez voir, non sans quelque péril pour elle-même, sa prédilection pour l’antiquité des doctrines politiques.

« Elle s’honore même des ménagements nécessaires qu’elle a dû garder pour l’intérèt de la génération naissante ; et, sans insulter ce qui vient de disparaître, elle accueille avec enthousiasme ce qui nous est rendu. »

Mais, en parlant ainsi, le grand-maître était déjà dans l’apologie et sur la défensive ; les attaques, en effet, pleuvaient de tous côtés. Nous avons sous les yeux des brochures ultra-royalistes publiées à cette date, et dans lesquelles il n’est tenu aucun compte à M. de Fontanes de ses efforts constamment religieux et même monarchiques au sein de l’Université. Enfin, le 17 février 1815, une ordonnance émanée du ministère Monstesquiou détruisit l’Université impériale, et, dans la réorganisation qu’on y substituait, M. de Fontanes était évincé. Il l’était toutefois avec égard et dédommagement ; on y rendait hommage, dans le préambule, aux hommes qui avaient œuvé les bonnes doctrines au sein de renseignement impérial, et qui avaient su le diriger souvent contre le but même de son institution.

L’ordonnance fut promulguée le 21 février, et Napoléon débarquait le 5 mars. Il s’occupait de tout à l’île d’Elbe, et n’avait pas perdu de vue M. de Fontanes. En passant à Grenoble, il y reçut les autorités et le corps académique, qui en faisait partie ; il dit à chacun son mot, et au recteur il parla