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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/164

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LE JOUR DES MORTS.

« S’éveilleront surpris de revoir la lumière ;
« Et moi, puissé-je alors, vers un monde nouveau,
« En triomphe, à mon Dieu, ramener mon troupeau ! »

Il dit, et prépara l’auguste sacrifice.
Tantôt ses bras tendus montraient le ciel propice ;
Tantôt il adorait, humblement incliné.
Ô moment solennel ! ce peuple prosterné,
Ce temple dont la mousse a couvert les portiques,
Ses vieux murs, son jour sombre, et ses vitraux gothiques
Cette lampe d’airain, qui, dans l’antiquité,
Symbole du soleil et de l’éternité,
Luit devant le Très-Haut, jour et nuit suspendue ;
La majesté d’un Dieu parmi nous descendue ;
Les pleurs, les vœux, l’encens, qui montent vers l’autel,
Et de jeunes beautés, qui, sous l’œil maternel,
Adoucissent encor par leur voix innocente
De la religion la pompe attendrissante ;
Cet orgue qui se tait, ce silence pieux,
L’invisible union de la terre et des cieux,
Tout enflamme, agrandit, émeut l’homme sensible ;
Il croit avoir franchi ce monde inaccessible
Où, sur des harpes d’or, l’immortel séraphin
Aux pieds de Jéhovah chante l’hymne sans fin.
C’est alors que sans peine un Dieu se fait entendre.
Il se cache au savant, se révèle au cœur tendre ;
Il doit moins se prouver qu’il ne doit se sentir.

 Mais du temple, à grands flots, se hâtait de sortir
La foule, qui déjà par groupes séparée,