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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/17

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xiv
NOTICE HISTORIQUE

fois punis de leur courage, quelques publicistes, hommes d’esprit et de oœur, tels que M. Michaud[1], se remirent à l’œuvre. La Harpe, converti à la religion et à la cause royale par une longue détention, reprit la plume et devint éloquent. Il s’associa Fontanes et l’abbé Bourlet de Vauxcelles pour la rédaction du Mémorial. Les noms des trois principaux rédacteurs figuraient en tête de ce journal, et chacun d’eux signait ses articles de la lettre initiale de son nom. Un article signé F. parut à la date du 15 août 1797. C’était une lettre au général Bonaparte, commandant alors en Italie et dont les proclamations semblaient menacer les Parisiens peu républicains d’un nouveau canon de vendémiaire. Voici quelques fragments de cette pièce singulière : « Brave général, tout a changé et tout doit changer encore, a dit un écrivain politique de ce siècle, à la tête d’un ouvrage fameux. Vous hâtez de plus en plus l’accomplissement de cette prophétie de Raynal. J’ai déjà annoncé que je ne vous craignais pas, quoique vous commandiez quatre-vingt mille hommes et qu’on veuille nous faire peur en votre nom. Vous aimez la gloire, et cette passion ne s’accommode pas de petites intrigues et du rôle d’un conspirateur subalterne auquel on voudrait vous réduire. Il me parait que vous aimez mieux monter au Capitole, et cette place est plus digne de vous. Je crois bien que votre conduite n’est pas conforme aux règles d’une morale très sévère ; mais l’héroïsme à ses licences, et Voltaire ne manquerait pas de vous dire que vous faites votre métier d’illustre brigand comme Alexandre et comme Charlemagne : cela peut suffire à un guerrier de vingt-neuf ans… En vérité, brave général, vous devez bien rire quelquefois, du haut de votre gloire, des cabinets de l’Europe et des dupes que vous faites… Vous préparez de mé-

  1. M. Michaud l’aîné (auteur du Printemps d’un Proscrit, des Adieux à Bonaparte, de l’Histoire des Croisades, etc., etc.) n’a jamais cessé de rédiger la Quotidienne, durant toute la révolution, que quand il y a été forcé par un arrêt d’exil ou de mort.