Aller au contenu

Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxij
NOTICE HISTORIQUE

impériale : « Malheur à moi, si je foulais aux pieds la grandeur abattue, et si, sur le berceau d’une dynastie nouvelle, je venais insulter aux derniers moments des dynasties mourantes ! Je respecte la majesté royale jusque dans ses humiliations ; et, même quand elle n’est plus, je trouve je ne sais quoi de vénérable dans ses débris. » Le même discours invite le nouveau gouvernement de Naples à légitimer ses droits en rendant les Napolitains heureux. Puis Fontanes finit par cette péroraison remarquable : « J’aime à le dire en finissant, à l’aspect de ces drapeaux, devant ces braves qui ne me désavoueront pas, et surtout au pied de cette statue qu’on invoque toutes les fois qu’il faut parler de la gloire ; j’aime à dire que l’amour et le bonheur des peuples sont les premiers titres à la puissance ; que seuls ils peuvent expier les malheurs set les crimes de la guerre, et que sans eux la postérité ne confirmerait pas les éloges que les contemporains donnent aux vainqueurs. »

Les hautes leçons données par Fontanes à Napoléon étaient toujours sans doute assaisonnées de louanges. Il admirait et louait sincèrement en lui le restaurateur de l’ordre et de la religion, et cette volonté puissante qui, disait-il, avait plus fondé qu’on avait détruit. Mais son encens n’avait rien de commun avec l’encens grossier et nauséabond de la plupart des orateurs auxquels il avait à répondre. C’était un hommage délicat, plein de convenance et de mesure ; c’était enfin l’hommage d’un homme de goût, supposant spirituellement que le personnage auquel il l’adresse est homme de goût comme lui[1].

  1. Membre alors du Conseil législatif, l’auteur de cette notice peut affirmer avec certitude que jamais aucune des adresses ou des réponses du président ne fut communiquée d’avance au pouvoir. C’était l’expression libre et spontanée des sentiments de l’auteur. Aussi ces discours le rendirent souvent l’objet des attaques secrètes ou patentes des courtisans le plus en faveur, et les amis de Fontanes, voulant, en 1810, en faire imprimer la collection, la police impériale s’y opposa formellement.