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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/354

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LA MAISON RUSTIQUE.

L’absence de l’olive est souvent réparée.
Les pommiers inégaux ont cédé leur moisson,
Et leur suc formera cette fraiche boisson
Que la jeune beauté, dans les champs de Neustrie,
Préfère au jus vermeil de la grappe mûrie.

 L’élève heureux d’Hermès, Comus à ses fourneaux
Distillera ces fruits en bienfaisantes eaux.
Que dis-je ? par Bacchus la cerise exprimée
S’est en liqueur de feu tout-à-coup transformée.
Cette pâte épaissie au souffle de Vulcain
Boit le miel du roseau que planta l’Africain ;
Et dans les jours d’hiver, quand ma lèvre la touche,
L’odorant abricot parfume encor ma bouche.
Pour toutes les saisons Pomone a des bienfaits ;
Qui peut compter les dons que sa main nous a faits ?
Tous les jours, de son art les succès l’enhardissent,
Et d’un éclat nouveau ses fêtes resplendissent.
Ô monarque puissant, qui des premiers Césars
Rejoignis dans ta main les vingt sceptres épars,
Et qui, chargé du poids d’un si vaste royaume,
Gouvernais ton verger tel qu’un sage économe,
Glorieux Charlemagne ! en vain tu m’as vanté
La douceur de tes fruits, et leur variété ;
De tes poiriers choisis, de tes royales treilles
Je ne garantis point les douteuses merveilles ;
Ce trésor des Martels serait pauvre aujourd’hui.

 Ce roi dont la sagesse eut Guesclin pour appui,
Couvrit de cerisiers le parc de ses ancêtres,