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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/387

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ŒUVRES DE FONTANES.


 Un roi, dont la Chalcide a célébré l’empire,
Autrefois d’une fête ordonna les apprêts.
Les coursiers qu’en Épire on exerce à grands frais,
Ne vinrent point traîner dans des flots de poussière
Le char qui douze fois doit fournir la carrière.
Ce prince était un sage, il voulut à ses jeux
Inviter par des prix les poëtes fameux.
Plus d’un roi dans la Grèce honora les poëtes ;
On consultait d’un Dieu ces savants interprètes.
Que fallait-il alors pour régir l’univers ?
D’heureuses fictions, de beaux chants, et des vers.

 Cependant à Chalcis les peuples accoururent,
Deux chantres renommés à la fois y parurent :
L’un est plein de fierté, de grandeur et de feu,
Tel jadis Phidias eut peint un demi-dieu,
Tel on feint que, de l’homme empruntant la figure,
Jupiter voyageait à côté de Mercure.
Des lauriers se mêlaient au bandeau révéré
Qui couronne le front du sublime inspiré ;
Il eut près du Mélès une nymphe pour mère,
Smyrne fut sa patrie, et son nom est Homère.
Au nom de ce grand homme, à son auguste aspect,
Tout le peuple à grands cris s’est levé par respect,
Quand le chantre d’Ascrée à son tour se présente.
Il n’a point du premier la grandeur imposante ;
Son air est simple et doux : il tenait des pipeaux,
Comme ces dieux bergers qui gardaient les troupeaux
Aux fleurs de sa couronne un épi s’entrelace ;
Et, saluant Homère, à ses pieds il se place.