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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/398

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LA GRÈCE SAUVÉE.

D’un nuage entouré, Mars descend à grand bruit.
Des hordes au combat par Xerxès entraînées
Il aime et la licence et les mœurs forcenées,
La sanguinaire ivresse, et l’aveugle fureur.
De leur farouche aspect il redouble l’horreur,
De leurs barbares cris augmente encor la rage,
Les guide et les remplit de l’espoir du carnage.
Il rugit à leur tête, et d’un air furieux
Semble encor reprocher au monarque des cieux
Ce flanc que Diomède a percé de sa lance.
Sur son front teint de sang s’agite et se balance
Ce casque aux crins hideux, aux immenses contours,
Qui dix ans de Pergame a protégé les tours,
Et des sombres replis de sa cime mouvante
Peut, même aux Immortels, inspirer l’épouvante.
Vénus marche à sa suite, et, sous des traits plus doux
Dans le fond de son cœur cache autant de courroux,
Prend comme lui souvent ses sujets pour victimes,
Enfante aussi la guerre, et produit tous les crimes.
Vénus aime l’Asie et voit sur ses autels
L’esclavage y brûler des parfums éternels.
Tout l’Olympe est armé : le signal de la guerre
Ensemble a réuni, des trois parts de la terre,
Mille Dieux dont les noms et les traits abhorrés
Furent jusqu’à ce jour dans la Grèce ignorés.
Ceux-là sont accourus des sommets du Caucase,
Ceux-ci des bords du Gange, ou du Tigre, ou du Phase
Quelques-uns de l’Afrique ont quitté les déserts.
Chacun d’eux honoré par des cultes divers
S’attache à l’étendard du peuple qui l’adore.