Aller au contenu

Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
282
ŒUVRES DE FONTANES.

Mais leur foule se tait, frémit et se retire.
Glaucus s’enorgueillit de l’effroi qu’il inspire,
Et le prix, sans combattre, est par lui réclamé.

 Soudain, Euphorion, ce vieillard renommé
Qui dans ces mêmes lieux illustra sa jeunesse,
Arrive avec deux fils non moins chers à la Grèce :
« Glaucus, s’écria-t-il, n’est pas encor vainqueur,
« Et, si le temps jaloux n’eût dompté ma vigueur,
« C’est moi qui d’un superbe irais punir l’audace ;
« Mais qu’un de mes enfants prenne aujourd’hui ma place,
« Va combattre pour moi, Cynégire, ô mon fils !
« Va d’un rival hautain confondre les défis !
« Et soutiens de ton nom la gloire héréditaire ;
« Souviens-toi qui je fus, et qu’Eschyle est ton frère.
« Suis son exemple illustre, et, digne de ses chants,
« Honore comme lui le déclin de mes ans.
« Mars chérit sa valeur, Melpomène l’inspire,
« Et le glaive lui sied aussi bien que la lyre.
« Triomphe, et dans ses vers que ton nom répété
« Retentisse à jamais la postérité. »

 Cynégire aussitôt dans l’arène s’élance,
Et droit au fier Glaucus marche avec assurance,
Jette ses vêtements, adresse au ciel des vœux,
Et, comme son rival, sur ses membres nerveux
Fait couler à longs flots l’huile douce et luisante.

 D’un air calme au combat chacun d’eux se présente :
Seuls ils peuvent se voir sans en être effrayés ;
Ils balancent leurs bras, affermissent leurs pieds.