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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/450

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LA GRÈCE SAUVÉE.

La foudre roule, éclate, et du plus haut des airs
Nous apporte ces mots au milieu des éclairs :
« Guerriers, arrêtez-vous, cette terre est sacrée ! »
Alors Léonidas, aux Dieux de la contrée,
Aux Nymphes, aux Sylvains s’adressent avec nous,
Invoque leur faveur, et fléchit les genoux ;
Il adore en silence, et la voix immortelle
Une seconde fois retentit et l’appelle :
« Léonidas, mon fils, ose lever les yeux,
« Reconnais le premier des héros tes aïeux,
« Hercule… C’est ici que ma cendre est semée.
« Ces antres, ces rochers pleins de ma renommée,
« Ces bois m’ont vu punir des brigands inhumains.
« Non loin le fier Centaure est tombé sous mes mains
« Là, désarmant le sort, et Junon, et l’envie,
« Comme un triomphateur je sortis de la vie.
« Ici, s’est élevé le bûcher glorieux
« Dont la flamme autrefois me porta dans les Cieux.
« Approche, et que ton père aujourd’hui te révèle
« Les grands desseins des Dieux sur la race mortelle.
« Viens apprendre ton sort, viens seul et sans effroi
« Dans ce nuage ardent converser avec moi. »
Le Dieu parlait : la terre écoutait en silence.
Il se tait, et soudain Léonidas s’élance,
Le nuage s’entrouvre, et dans les mêmes feux
Les cache, et se referme, et s’épaissit sur eux.
Cependant, agités de surprise et de crainte,
Nous adorions de loin cette obscurité sainte :
« Ô fils de Jupiter ! s’écriaient les soldats,
« Hercule, entends nos vœux, rends-nous Léonidas !