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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/452

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LA GRÈCE SAUVÉE.

Portaient de rang en rang ces accords solennels :
« Mourons, amis, mourons pour renaître immortels !

 « Ô Dieux, nés dans nos murs, nos protecteurs, nos guides,
Héros de l’amitié, généreux Tyndarides,
Qui, du ciel aux enfers repassant tour à tour,
Sans regret, l’un pour l’autre, abandonnez le jour,
Ô Castor ! ô Pollux, marchez à notre tête !
Venez, la charge sonne et le combat s’apprête ;
Le fer brille, envoyez aux esclaves d’un roi
Le désordre et la fuite, et la mort et l’effroi ;
Que de leur sang au loin ces roches soient trempées,
Des flots d’un sang si vil enivrons nos épées ;
Bellone veut du sang à ses festins cruels :
Mourons, amis, mourons pour renaître immortels !

 « Fils du Cygne divin, nos tribus vous sont chères ;
Tous les enfants de Sparte, ainsi que vous, sont frères ;
Elle égale et confond nos destins et nos droits.
J’appartiens dès l’enfance à l’ami de mon choix,
J’ai vécu près de lui : que près de lui je meure !
Puisse au fort du combat, jusqu’à ma dernière heure,
Mon large bouclier, dans mes mains affermi,
Éloigner le trépas du sein de mon ami ;
Qu’il vive, et que sa main de mes mains défaillantes
Reçoive ma cuirasse et mes armes sanglantes !
Ma mère les verra ! Qu’en flattant son orgueil,
Mes exploits de ma mère adoucissent le deuil !
Mais, s’il faut avec moi que mon ami succombe.
Dieux-Gémeaux, visitez notre commune tombe