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Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/535

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ŒUVRES DE FONTANES.


L’AIGLE ET LE ROSSIGNOL.


FABLE.


à mon ami ducis.


1790.


L’Aigle un jour s’ennuya dans sa haute demeure
C’est le destin des rois. Il voulut que sur l’heure
On donnât un concert, qui, par sa nouveauté.
Pût dérider un peu sa triste Majesté.
 Là-dessus son Conseil s’assemble.
 Le Faucon, son grand écuyer,
 Et le Hibou, son chancelier,
Sur le plan du concert délibèrent ensemble.
L’argent manquait : soudain on charge l’Épervier
De courir promptement chez le Vautour avide,
Qui du trésor de l’Aigle est l’honnète fermier ;
Trésor vraiment royal, car il est toujours vide.
 Le Vautour, savant financier,
Met un nouvel impôt sur la foule indigente
Du peuple ailé des airs, qui gémit de payer
Les plaisirs de la cour, quand la faim le tourmente.
On confie une somme à la Buse pesante,
Qui doit seule aux chanteurs assigner leur emploi ;
 Car des menus-plaisirs du Roi
 La Buse était surintendante.