Aller au contenu

Page:Fontanes - Œuvres, tome 1.djvu/552

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
425
VARIANTES.

lèvement général contre notre influence passée, soulèvement qu’il est aisé d’apercevoir avec des yeux attentifs d’un bout de l’Europe à l’autre. Tous les jours des Français admirent les essais informes des théâtres étrangers, quand nous possédons des chefs-d’œuvre en ce genre. On met des romanciers anglais à côté d’Homère et de Racine, comme si un roman, quelque bon qu’il fût, pouvait entrer en parallèle avec des ouvrages qui supposent la réunion de tous les talents. C’est du milieu de Paris que se répand la renommée des écrivains étrangers qui nous disent le plus d’injures, et qui affaiblissent pour un temps la gloire des lettres françaises. Cette gloire a couvert plus d’une fois nos désastres politiques, comme l’a fort bien observé Jean-Jacques dans ses Confessions. Pourquoi donc ne pas défendre cet avantage qu’on cherche à nous disputer de toutes parts ? Observons en passant que ces essaims d’auteurs allemands, qui ont trouvé plus facile de se jeter sur les pas de Shakespeare, que d’atteindre lentement la perfection de Racine et de Voltaire, n’ont presque point de réputation chez les Anglais, dont ils se sont faits les copistes et les admirateurs. Il est certain, qu’à l’exception de quelques idylles de M. Gessner, et peut-être des passions du jeune Werther, le reste des ouvrages de la Germanie n’a que rarement passé la Manche : la Mort d’Abel même, le plus bel ouvrage allemand, n’est point assez estimée en Angleterre.

Ces réflexions pourraient en amener beaucoup d’autres, trop longues et trop sérieuses pour les placer à la tête de quelques vers aussi peu importants. L’auteur sera trop content, si on y trouve de la simplicité champêtre et l’amour de la nature.

(Fin de l’avant-propos.)


— Nous donnerons encore, comme intéressante, une note du Verger, qui se rapportait à ces deux vers :