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Page:Fontenelle - Œuvres de Fontenelle, Tome I, 1825.djvu/194

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lui.

Il fut occupé en 1668 à faire des projets de Fortifications pour les Places de la Franche-Comté, de Flandre, et d’Artois. Le Roi lui donna le Gouvernement de la citadelle de l’Isle qu’il venoit de construire, et ce fut le premier Gouvernement de cette nature en France. Il ne l’avoit point demandé et il importe et à la gloire du Roi et à la sienne que l’on sçache que de toutes les graces qu’il a jamais reçûës, il n’en a demandé aucune, à la réserve de celles qui n’étoient pas pour lui. Il est vrai que le nombre en a été si grand qu’elles épuisoient le droit qu’il avoit de demander.

La paix d’Aix la Chapelle étant faite, il n’en fut pas moins occupé. Il fortifia des Places en Flandre, en Artois, en Provence, en Roussillon, ou du moins fit des desseins qui ont été depuis exécutés. Il alla même en Piémont avec M. de Louvois, et donna à M. le Duc de Savoye des desseins pour Veruë, Verceil, et Turin. À son départ, S. A. R. lui fit present de son portrait enrichi de diamans. Il est le seul Homme de guerre pour qui la Paix ait toûjours été aussi laborieuse que la Guerre même.

Quoique son emploi ne l’engageât qu’à travailler à la sûreté des Frontières, son amour pour le bien public lui faisoit porter ses vûës sur les moïens d’augmenter le bonheur du dedans du Royaume. Dans tous ses voyages il avoit une curiosité, dont ceux qui sont en place ne sont communément que trop exempts. Il s’informoit avec soin de la valeur des Terres, de ce qu’elles rapportoient, de la manière de les cultiver, des facultés des Paysans, de leur nombre, de ce qui faisoit leur nourriture ordinaire, de ce que leur pouvoit valoir en un jour le travail de leurs mains, détails méprisables