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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/141

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SOUVENIRS

qui remplace merveilleusement et remplit les fossés de cette forteresse. Les flots viennent battre contre des murailles construites aux dépens des anciens murs et des plus somptueux monumens de la Syracuse passée. Ce n’est plus un soldat grec, un hoplite, qui garde cette porte ; c’est un pauvre Napolitain jaune, décharné, affublé d’un uniforme autrichien. J’ai toujours vu cette garde dormir en paix : Syracuse ne craint plus Carthage ; toutes deux couvrent des rivages ennemis de leurs ossemens dispersés.

On croit que Syracuse fut habitée par les Étoliens. Ceux-ci en furent chassés par les Sicules. Archias de Corinthe, petit-fils d’Hercule, s’en empara trois siècles après. On peut lire dans Plutarque la cause du voyage d’Archias. La réunion d’Ortygie, de Tychè, d’Achradine[1] de Neapolis et de l’Épipole, fit appeler Syracuse, Pentapolis. On veut que le nom de Syracuse soit tiré d’un mot grec qui signifie lieu qui invite au repos, à l’oisiveté ; d’autres disent

  1. Le nom d’Achradine peut dériver d’άχράς, qui signifie poirier sauvage. (D’Orville, Sicula, chap. xi, pag. 179.)