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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/144

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DE LA SICILE.

cuse aujourd’hui. Une partie de cette population a conservé quelque chose de la physionomie espagnole. Les femmes ont fait mieux ; j’en ai vu de charmantes : il n’est pas rare d’en rencontrer dont les traits rappellent ceux de la belle Aréthuse et des autres médailles syracusaines. Les maris ne laissent sortir leurs femmes qu’à regret, quoiqu’elles soient enveloppées dans de grandes mantes de soie noire : ils ont beau les cacher, de vieilles duègnes consolent, dit-on, adroitement leur captivité. Des musiciens parcourent les rues toute la nuit, et leurs sérénades sont aussi un langage très-expressif.

Nous fûmes logés dans la plus belle auberge, dont la meilleure chambre me rappelait celle que je partageais au Caire avec tous les rats et toutes les fouines du quartier des Francs. Le cuisinier de cette hôtellerie n’a rien conservé de l’art et de la recherche des Héraclide et des Mythécus[1].

Quelques voitures gothiques se promènent méthodiquement le soir sur le quai du port.

  1. Ces deux Syracusains ont écrit sur la cuisine grecque avec une emphase qui rappelle la dignité du style de Beauvilliers sur la même matière.