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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/155

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SOUVENIRS

inférieur à celui qu’on vient de quitter. On n’est plus choqué des disparates que présentent les diverses inscriptions placées sur les tombeaux, quand on réfléchit que les morts d’un siècle succédaient à ceux du siècle précédent. Voilà pourquoi des images païennes sont à côté de la colombe et du rameau d’olivier, symboles doux et pacifiques du christianisme. Rien de ce qui reste de l’antique Syracuse ne peut, autant que ces catacombes, donner l’idée de l’immense population de cette cité.

Près de ce dédale de sépulcres, qui s’étend à plusieurs milles sous terre, et dont le plan tracé par diverses personnes le fut toujours d’une façon différente, se voit l’église souterraine de Saint-Marcian, que l’on croit le premier monument chrétien de la Sicile. C’est donc là que retentirent les premières paroles de consolation aux oreilles du peuple le plus infortuné de la terre. Cette parole vivifiante allégea les chaînes, tarit les larmes, et l’espérance vint dès-lors ouvrir à la servitude, à la faiblesse, au malheur, les portes de l’éternité. Nous dessinâmes cette crypte des premiers fidèles, dont l’effet est des plus pittoresques, et qui inspirerait à Granet,