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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/168

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DE LA SICILE.

cuse ne sont plus ! Ses ports sont abandonnés, et le promontoire de Plemmyrium n’est plus salué par les cris des matelots, n’est plus assailli par les nuages épais des flèches empoisonnées de Carthage.

Fatigué des soins d’un cicerone qui me poursuivait de ses bâillemens et m’assommait de ses révérences et de sa conversation stérile, j’éprouvai un sentiment de bien-être lorsque j’eus quitté l’enceinte fermée de cinq portes qui vous retient prisonnier dans les murs de Syracuse. J’obéis à la mauvaise pensée de m’embarquer sur un speronara pour me rendre à Catane. L’air était embrasé ; le sirocco devait me porter en peu d’heures et nous nous épargnions la fatigue de faire quarante-deux milles sur le dos des mulets. Oubliant combien je suis mal avec la mer, je cédai à ces considérations. À peine, à huit heures du soir, étions-nous sortis du port et couchés sur le pont de notre petite embarcation, que le vent tourna au gregale (vent grec). L’équipage assura que le vent était faible, qu’il cesserait à minuit, qu’on irait à la rame. Il en advint tout autrement ; au point du jour nous n’étions qu’à trois milles de Syracuse, dont nous