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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/367

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LE RAJAH DE BEDNOURE,

des premiers pour le joug qui pèse sur eux, et diminuait, autant qu’il était en son pouvoir, l’humiliation de leur servitude. J’avais pour M. Makinston la plus tendre vénération. Sachant que, sans professer la médecine, je m’occupais de cet art intéressant, il vint me prier de le suivre chez un homme déjà sur l’âge et mourant, dont l’habitation était voisine de la nôtre.

Ce vieillard, d’une figure respectable, foudroyé par une apoplexie nerveuse et entièrement privé de l’usage de la parole, luttait contre une cruelle agonie. Ce Français, car il était mon compatriote, s’efforçait de nous montrer une jeune fille, à peine âgée de dix-sept ans, que deux vieux esclaves cherchaient à rappeler d’un long évanouissement. Le malade, levant ses mains vers le ciel et les ramenant pour la dernière fois sur son cœur, nous recommanda son enfant d’une manière aussi touchante que si l’éloquence la plus vive lui avait prêté son secours.

Cependant tous mes soins furent inutiles, et M. d’Averney mourut peu d’heures après.

Notre attention se porta dès-lors tout entière sur la jeune personne ; elle repoussait nos consolations, et nous ne parvînmes pas à l’arracher