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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/374

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HISTOIRE INDIENNE.

« Solamé, lui dis-je alors, voici le plus heureux instant de ma vie ; encore quelques heures, et je crois que je la quitterais sans peine… » Nous étions assis au pied du morne de Sandala ; le vent du soir rafraîchissait l’atmosphère et courbait mollement la cime des lataniers, quand M.lle d’Averney commença son récit à peu près en ces termes :

« Mon père était Français ; sa famille tenait un rang distingué dans la province de Bretagne. Quelques fautes de sa jeunesse irritèrent si fortement ses parens contre lui, qu’il vint à Madras pour se soustraire à leurs poursuites. Une faible pacotille prospérait entre ses mains ; il vendait des bijoux et des étoffes de Cachemire et d’Ambor. Le hasard le conduisit dans la capitale du royaume de Canara, où sa fortune prit l’essor le plus rapide. On ne vantait dans la riche Bednoure que le goût, l’élégance des tissus précieux qui, d’après la mode, ne pouvaient plus s’acheter que chez le nouveau négociant européen ; on ne parlait que de sa probité, de sa politesse et de sa bonne mine. La foule des palanquins se pressait à la porte du bazar, où l’or rehaussé par l’éclat des pierreries savait