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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/384

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HISTOIRE INDIENNE.

conçois mieux qu’il ne comprenne pas combien de pauvres sauvages tels que nous pouvaient s’aimer. Nous n’avions jamais été distraits de nos affections ; nous versions, pour ainsi dire, les mêmes larmes ; le sourire de l’un de nous ne pouvait jamais naître que du bonheur des deux autres, et la même expression était aussi habituelle à nos visages que la même pensée l’était à nos cœurs.

» Les plaies de Misra furent visitées par mon père, qui employait ses loisirs à l’étude suivie des plantes et des simples ; aucune ne sembla mortelle : mais ses yeux demeuraient fermés, et ses lèvres ne purent prononcer que long-temps après quelques mots mal articulés. La constance de nos soins, sa jeunesse, la pureté de son sang, tout contribua pourtant à hâter sa guérison. Nous le voyions renaître ; nous lui parlions de son retour à la vie. Qu’en ferai-je ? répondait-il : Solamé n’est plus la même pour moi ; je n’ai plus de sœur chérie, puisqu’elle repousse toutes mes caresses. Je cherchais cependant à le rassurer, et la liqueur balsamique d’oucka, exprimée par mes mains, semblait lui devenir plus salutaire.