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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/391

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LE RAJAH DE BEDNOURE,

de mon appartement. Mes yeux savaient toujours démêler le rajah dans la foule, et le rencontraient souvent assis à la pointe d’un bateau, tournant vers ma demeure des regards mélancoliques. La musique, tendre, plaintive, semblait être leur interprète : cette fille du ciel dit si bien les tristesses du cœur ! Le charme de l’harmonie m’avait été inconnu jusqu’alors, et j’éprouvais une sensation délicieuse à revoir Misra, tandis que j’écoutais le mélange des chants de la bayadère et celui des sons mélodieux de la flûte de magoudi et de nagassuram.

» Cependant l’armée fut bientôt réunie : le traité d’alliance venait d’être conclu, et la révolte des peuples du Canara contre leur reine fit de cette expédition militaire un voyage triomphal. Tipoo, Misra et mon père, furent reçus comme des libérateurs : toute la population de Bednoure les bénissait, et ce moment sembla me promettre le bonheur de tous ceux que je chérissais. Hélas ! que la durée de cette erreur fut courte !… Qu’il me soit permis de passer rapidement sur cette époque fatale de notre histoire. Il suffira de vous dire que