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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/41

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SOUVENIRS

ment l’âge mûr ne serait-il pas triste ? Il a eu le temps de voir oublier ce qu’il croyait devoir être immortel, d’entendre blâmer ce qui lui avait paru admirable, enfin d’assister à la destruction de toutes les idoles de ses beaux jours.

Loin de partager des préventions généralement établies contre la société italienne, je pense, au contraire, qu’on peut y rencontrer beaucoup d’esprit, de la droiture et des affections sincères. Il faut l’avoir connue dans la jeunesse pour se plaire à sa tranquille monotonie. Les Italiens suivent assez habituellement les voies communes de la vie ; dans ce chemin épineux, leurs pieds se placent sur la trace des pas de leurs pères : chez eux point d’illusions, point de rêveries, point de cette mélancolie mère du talent et parfois puissante comme le génie ; jamais de cette tristesse à laquelle le bonheur même paie un tribut volontaire. Les Italiennes ne demandent pas à la vie des joies plus vives qu’elle n’en peut donner. On chercherait vainement chez elles ces nuances fugitives, heureux mélange de faiblesse et de dignité qui rend la société des femmes du Nord si douce et si attachante. De la vérité dans leurs sentimens, de la