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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/410

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HISTOIRE INDIENNE.

flambeau, marchait à côté. J’aperçus distinctement dans cette voiture une jeune femme belle, pâle : une couronne de roses blanches ornait sa tête ; elle souriait avec douceur à un jeune homme assis a ses côtés, qui lui parlait vivement, Je reconnus William et Solamé, qui semblaient se rendre à une fête, et passaient rapidement à côté du désespoir : mais au même instant un bruit affreux se fit entendre, le pont s’abîma ; et je me réveillai épuisé de fatigue, baigné d’une sueur froide, me débattant encore contre les angoisses de la mort.

Revenons à la jeune Indienne. À peine trouvai-je sur sa figure la trace rapide du désespoir, que je volai à son secours. J’allai vers elle comme ce prisonnier chargé depuis long-temps d’une lourde chaîne ; il aide un nouveau venu, qui va désormais souffrir avec lui, à soulever ce poids qui l’accable.

Je rappelai enfin à Solamé ses premières années, le désert, dévouement de Misra et la mort de son père : elle garda un silence morne, sans pouvoir verser une larme, sans m’avouer son tourment, quelque détour que je prisse pour l’amener à m’ouvrir son cœur. Hélas ! il était