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Page:Forbin - Souvenirs de la Sicile.djvu/54

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DE LA SICILE.

religieux qui desservent cet oratoire, le sentiment de l’hospitalité, qu’ils exercent de la manière la plus égale et la plus simple. J’étais monté jusqu’au monastère avec peine par un chemin scabreux, tantôt au fond d’un ravin, tantôt sur des rochers taillés en escalier : aussi cette course me fit-elle apprécier bien mieux encore l’excellente malvoisie de Tyndare.

Tout en montant au monastère, quand je me retournais pour respirer, il m’arrivait de la mer, qui se brisait à nos pieds, un vent frais de nord, et j’apercevais à l’horizon toutes les îles éoliennes : Volcano, l’antique Hiera ; Volcanello, autrefois Evonyme ; Lipari ; Salina, autrefois Didyme, connue par ses bains ; et Stromboli, l’antique Strongyle. J’avais passé au milieu de toutes ces îles, le soir, au soleil couchant, par un coup de vent forcé : la mer était alors agitée, et les vapeurs condensées sur les montagnes semblaient être autant de tourbillons d’une fumée épaisse, que des volcans poussaient avec force vers le ciel. En effet, de temps en temps, les feux de Stromboli brisaient et dissipaient ces nuages. Nous passions sous cette voûte sinistre ; et dans le fond le mont Etna, chargé de neiges,